Le Syndrome de l’imposteur

Aujourd’hui je vous invite à découvrir le Syndrôme de l’imposteur. Il a été décrit pour la première fois en 1979 sous le nom anglais « Impostor Phenomenon« . Les petits détails comptent car « syndrome » implique pathologie, or ici on parle de « phénomènes ». Comme d’habitude, je mêlerai des données théoriques à des exemples plus concrets, ces derniers ne permettant en aucun cas une généralisation. Les manifestations du syndrome varient d’une personne à l’autre.

Qui est concerné ?

Environ 70 %  de la population seraient amenées à douter de la légitimité de leur statut ou de leur succès à un moment ou à un autre.

D’ailleurs, ce syndrome peut aussi bien s’exprimer dans le milieu professionnel comme dans la sphère privée.

Dans la sphère familiale, cela peut ressortir à la naissance d’un enfant : vais-je savoir m’en occuper ? Suis capable d’être une « bonne » maman / un bon père ?

Dans l’entreprise, cela peut prendre la forme de « Pourquoi m’ont ils choisi pour ce poste, tous mes collègues sont beaucoup plus vieux que moi ?  » ou encore  » Mes collègues ont tous fait une école d’ingénieur, comment puis-je prétendre être à la hauteur ? »

Éphémère ou durable ?

Pour certaines personnes, ce sentiment va être très circonstanciel. Lors d’une prise de poste par exemple ou lors d’un projet. Une « simple » interrogation (avec une peur d’être identifiée comme imposteur au regard des autres) qui s’estompera avec le temps et les feed-back.

Pour d’autres, cela va venir s’insinuer plus durablement dans leur quotidien.

Dans ce cas, cela va prendre différentes formes visant toujours à confirmer ce sentiment d’imposture pour la personne et cette peur d’être démasquée.

Comportements de renforcement

il a été observé 4 comportements qui renforcent la personne dans ce sentiment.

Le premier est le travail acharné. De peur d’être démasqué, la personne va travailler beaucoup plus que nécessaire. L’objectif étant d’atteindre un idéal irréaliste afin d’obtenir des feed-back positifs. Feed-back qu’elle ne sera pas en mesure d’accueillir dans bien des cas.

C’est également ce qui peut conduire au burn-out certaines personnes.

La deuxième « technique » est de porter un masque. Dans l’imaginaire de la personne, en n’étant jamais soi-même on ne peut jamais vraiment décevoir ou être rejeté. Elle s’adapte et montre aux autres ce qu’ils ont envie de voir et les avis prononcés vont vers ceux des autres et elle minimise ses propres réussites.

Le 3ème comportement est celui du charmeur. Le masque va au-delà de l’adaptation. « L’imposteur » va véritablement jouer de son charme pour s’attirer les faveurs de ses chefs, professeurs etc. Il fera en sorte d’être la Star mais une fois cela obtenu, l’imposteur sera encore incertain de ses résultats.

Le dernier comportement, est l’imposteur évitant de montrer sa confiance en lui et jouant de modestie. En minimisant ses réussites et ses compétences, il espère ainsi éviter les confrontations sur les idées ou les connaissances. Son objectif est d’éviter les conflits qui pourraient mettre en évidence l’imposture qu’il imagine.

Le cycle de l'imposteur

Les comportements présentés ci-dessus peuvent également rentrer dans un cycle plus large et plus global.
Clance en 1985 a représenté un des fonctionnements possibles de « l’imposteur » par un cycle qu’utilise involontairement la personne pour se conforter dans son sentiment.

Bien évidemment, la mise en place de ce cycle est complètement involontaire.
L’identifier et en prendre conscience permet à la personne de faire un premier pas pour en sortit.

Les impacts possibles

En prendre conscience est probablement la première étape. Il ne faut pas sous-estimer l’impact que ce syndrome peut avoir.

Certains iront jusqu’à s’auto-saboter, d’autres n’arriveront jamais à accepter un feed-back positif et à prendre conscience de ce qu’ils ont fait. Ils mettront toujours leur succès sur le compte de la chance ou des autres. S’ils échouent, alors ils se focaliseront dessus et ne verront plus que ça.

Chez l’adolescent, il peut avoir une tendance à procrastiner et à fournir le minimum d’effort mais très bien réussir. Il respectera ainsi la demande de ses parents mais en même temps renforcera son sentiment d’imposture. Il a réussi sans travailler…

Comment le dépasser

Voici quelques pistes pour démarrer la réflexion.

Avoir une meilleure connaissance de soi-même permet de mieux gérer cela.

Mais il est essentiel également de nourrir l’imposteur de feed-back positif qu’il devra (ré)apprendre à accepter.

Apprendre à accueillir un retour positif est essentiel, notamment en arrêtant de croire que le retour est fait pour faire plaisir et n’est pas sincère. Il est préférable de remercier simplement du retour sans minimiser son travail.

Il pourra aussi faire sauter ses croyances limitantes sur lui-même, ce qui l’aidera aussi à avancer.

« L’imposteur » peut également changer son point de vu sur lui même en se nourrissant de ses succès et en étant plus bienveillant avec lui même par rapport à ses erreurs.

Il est parfois difficile de se voir avec nos propres compétences et de les reconnaitre. Alors, parfois le plus facile est de commencer par demander aux autres ce qu’ils pensent de nous …

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